Perdre du poids

Perdre du poids ou perdre du gras ?


Vous avez certainement souvent dû entendre des remarques telle que : "j'ai pris un kilo à cause du repas de ce week-end", ou en période de régime après être passée sur la balance, "j'étais à 59,8 kg lundi, je suis à 59,2 kg aujourd'hui, super je perds ma graisse !"

FAUX … un poids de corps peut varier de plus de 3 kg en une journée et de près de 6 kg en une semaine. Ces variations brutales sont dues à plus ou moins de rétention d'eau et si l’on est en pleine digestion ou non. Elles sont très utilisées par les boxeurs qui jouent sur le fait que la pesée ait lieu le jour précédent l'affrontement : ils se déshydratent autant que possible avant la pesée et y arrivent complètement épuisés. Une fois assurés d'être dans la catégorie de poids anticipée, ils mangent sucrés et boivent beaucoup pour "regagner" tout le poids perdu et être en forme pour le combat.

Annoncer fièrement "je suis passée de 59,8 à 59,2 kg" est stupide. Il suffit de boire une bouteille d'eau 1,5 litre pour se retrouver à 60,7 kg !

Par ailleurs vous pouvez perdre 3 kg de graisse et prendre 3 kg de muscle ! Alors que la balance n'indique aucun changement c'est un autre monde en ce qui concerne votre silhouette. Sauf si votre surpoids est important, la différence visuelle chez une femme est phénoménale. Pour une personne de 60 kg, 3 kg de muscle en plus représente un gain de 5%. Si cette personne avait un taux de masse grasse de 22% soit environ 13 kg de graisse, la perte de 3 kg de graisse (et le gain de 3 kg de masse musculaire) abaisse son taux à environ 17% ! Un tel écart peut transformer un ventre un peu "mou" en un ventre ultra-plat avec des abdominaux saillants. Je me permets d'insister sur ce point : en cas de léger surpoids, vous pouvez complètement transformer votre physique sans que votre poids de corps ne change d'un gramme.


Ce qu'indique la balance ne doit donc pas vous préoccuper : vous cherchez à perdre du poids pour améliorer votre physique et vous être plus en forme, pas pour voir un nombre "abstrait" diminuer.

Je le répète, faire passer temporairement son poids de corps de 60 kg à 58 kg en deux jours est très facile : arrêtez de manger pendant une journée, faîtes une séance de sauna et c'est gagné. Vous n'avez pas perdu un gramme de graisse, mais un litre d'eau et de sels minéraux (au sauna) et le kilo d'aliment digéré que vous aviez mangé la journée précédente (aux toilettes). Le lendemain vous buvez un peu plus que d'habitude pour compenser les pertes de la veille et vous "remplissez" à nouveau votre estomac en mangeant normalement et vous revoilà à 60 kg. A l'inverse, vous pouvez passer de 60 à 62 kg en mangeant plus que d'habitude et en buvant beaucoup. Dès que vous aurez digéré et serez passer aux toilettes vous retrouverez vos 60 kg. C'est aussi simple que cela : inutile de se réjouir en voyant 58 kg sur la balance tel jour et de pleurer en lisant 62 kg trois jours plus tard.

Pour voir si votre régime fonctionne, la façon la plus simple est de regarder l'évolution de votre silhouette dans le miroir et de pincer périodiquement les chairs des fesses, de l'arrière des bras, du devant de la cuisse et du ventre pour y apprécier la fermeté (une chair plus ferme indique que le ratio muscle/graisse augmente).


Pourquoi est-ce que l'on maigrit/grossit ?

Apports et dépenses énergétiques

L'Homme préhistorique ne mangeait pas toujours à sa faim, selon qu'il ramenait quelque chose de la chasse ou non. Pour pallier cela, le corps humain s'est adapté (par le biais de mutations génétiques et de la sélection naturelle) de sorte que lorsque notre Homme mangeait à satiété, il stockait sous forme graisseuse des réserves énergétiques (il grossissait). Ainsi, si plus tard, il devait jeûner, le corps puisait dans ses réserves énergétiques l'énergie nécessaire à son fonctionnement (l'Homme maigrissait). Leur corps a appris à stocker de l’énergie en vue des privations à venir, grâce à des mécanismes biologiques très sophistiqués. Ce reflexe de stockage est inscrit dans notre cerveau ancestral, reptilien, celui qui gère nos pulsions et nos besoins vitaux. Nous avons donc conservé ce reflexe de stockage traduisant notre instinct de survie, même dans nos sociétés d’abondance !

Ces réserves énergétiques sont généralement stockées prioritairement chez l'homme aux endroits suivants : obliques (les "poignées d'amour"), autour du nombril, hanches, poitrine, haut des bras, cuisses, avant-bras, mains, pieds et visage.

Chez les femmes, les premières zones de dépôts sont généralement : les fesses, le haut des cuisses, l'arrière des bras et le haut du dos.

Si votre corps consomme plus d'énergie que vous ne lui en fournissez, il va prendre sur ses réserves et vous allez maigrir.

Si votre corps ne consomme pas toute l'énergie que vous lui fournissez, il va faire des réserves et vous allez grossir.

L'énergie que vous lui donner, c'est tout ce que vous mangez : du pain, une glace, une pizza, un Big Mac, du fromage, du poisson, des œufs, de la vinaigrette, une bière...

Il est donc faux de dire : le pain fait grossir alors que les haricots verts ne le font pas ou autres idioties du genre. Tout ce que vous mangez est susceptible de vous faire grossir si en face vous n'avez pas une dépense énergétique équivalente. Ceci dit, il est certain que manger 100 g de yoghourt n'est pas équivalent à 100 g de chocolat au lait en terme d'apport énergétique et de capacité de stockage !!!

Répartition des dépenses énergétiques

L'énergie que vous dépensez peut être répartie en trois catégories :
- le métabolisme basal et la thermogénèse : il s'agit de l'énergie que votre corps dépense en permanence, pour assurer le renouvellement des cellules, maintenir votre température, assurer la digestion...
- les dépenses énergétiques induites par vos activités physiques (monter les escalier, repasser, faire de la musculation...) et intellectuelles (jouer aux échecs, faire un test de QI...).

Métabolisme basal et régime "yo-yo"

Facteurs de modification du métabolisme basal

Dans les schémas précédents, les facteurs variant étaient l'alimentation et l'activité alors que le métabolisme basal restait constant. Or, dans la réalité, ce n'est pas ce qui se produit.

Comme expliqué dans le chapitre précédent, lorsque vous entamez un régime et que vous dépensez plus d'énergie que vous n'en fournissez à votre organisme, votre corps va puiser dans ses réserves et vous allez maigrir. Cependant au fur et à mesure des jours, votre corps qui ne sait pas combien de temps va durer la situation va s'adapter en diminuant son métabolisme basal et en dépensant de moins en moins d'énergie quel que soit votre activité.

Par ailleurs, en plus de cette adaptation, il faut savoir que le muscle est un facteur important de votre métabolisme basal. Si vous prenez du muscle, votre métabolisme basal augmente et inversement, si vous en perdez, votre métabolisme basal diminue. De sorte que si d'un coup de baguette magique vous pouviez gagner 5 kg de muscle, vous perdriez du poids sans rien changer à vos habitudes alimentaires et à vos activités, grâce à l'augmentation de vos dépenses énergétiques via le métabolisme basal. Evidemment, cela marche aussi dans l'autre sens et si on vous enlevait 5 kg de muscle, vous prendriez du poids sans rien changer à vos habitudes alimentaires et à vos activités.

Le métabolisme basal responsable du régime "yo-yo" ?

En fait, ce sont les variations du métabolisme basal qui sont en partie responsable du régime "yo-yo". Lisez l'histoire fictive de Pauline :


Introduction 
Selon les critères actuels, Pauline estime avoir à perdre 10 kg. Ça tombe bien, un magazine vient de sortir un bel article avec des exemples de régime pour perdre 10 kg en trois semaines. Elle choisit le régime "vive la soupe aux oignons" qui consiste à ne plus manger que de la soupe aux oignons pendant trois semaines.


Semaine 1 Pauline est super contente, elle a perdu 3 kg. Sur ces 3 kg, il y avait 2 kg de muscles, mais cela ne semble pas gêner Pauline. En attendant, son métabolisme basal a diminué, d'une part à cause de sa perte musculaire, et d'autre part parce que son corps essaye de s'adapter à la nouvelle ration énergétique réduite que Pauline lui accorde.


Semaine 2 Pauline est déjà moins contente, car elle n'a perdu qu'1,5 kg. Normal : son apport énergétique n'a pas varié (elle fait toujours son régime "vive la soupe aux oignons") mais ses dépenses énergétiques ont diminué du fait de la diminution de son métabolisme basal. Sur ces 1,5 kg, il y avait 1 kg de muscle, mais cela ne semble toujours par gêner Pauline. En attendant, son métabolisme basal a encore diminué, pour les mêmes raisons que précédemment, à savoir : la diminution de sa masse musculaire et l'adaptation de son corps à son nouveau régime.


Semaine 3 Pauline décide de mettre le paquet, non contente de ne manger que de la soupe, elle ne mange plus le midi. A la fin de la semaine, elle est super contente, car elle a encore perdu 3 kg (dont 1 kg du peu de muscle qui lui restait. Rien d'étonnant : si ses dépenses énergétiques ont diminué au travers de son métabolisme basal, son apport énergétique a lui aussi été réduit et en plus grande quantité.


Semaine 4 Pauline n'en peut plus de ne manger que de la soupe ! De toute façon, elle a perdu 7,5 kg (dont 4 kg de muscles...) et elle trouve sa silhouette satisfaisante. Elle pense vraiment que sur ses trois dernières semaines elle a été la personnification de la maxime "Quand on veut, on peut". Pauline très satisfaite d'elle-même décide donc de stopper son régime et de manger à nouveau comme avant.


Semaine Pauline ne comprend plus rien et elle est désespérée : elle vient de reprendre 3 kg. En plus son physique est pire que d'habitude : il est tout plat et tout flasque. Que lui est-il arrivé ? Que son corps soit tout flasque, l'explication est simple : ses quatre dernières semaines, Pauline a perdu 4,5 kg (7,5-3=4,5), dont 4 kg de muscles et seulement 0,5 kg de graisse. Pas étonnant que son physique soit flasque. Mais pourquoi a-t-elle repris 3 kg ? Simple, son métabolisme basal a tellement diminué par rapport à ce qu'il était avant de commencer son régime que le fait de manger "normalement" apporte maintenant beaucoup trop d'énergie par rapport à ce qu'elle dépense quotidiennement. Par ailleurs, son corps qui n'a quasiment rien eu à manger pendant trois semaines s'est mis à stocker tout ce que Pauline lui apportait en énergie afin de prévenir une future période de quasi-famine !


Semaines 6 Pauline a retrouvé son poids d'il y a sept semaines. Elle décide donc de faire un nouveau régime. Ça tombe bien, elle vient d'acheter un nouveau magazine qui promet de perdre 10 kg en deux semaines grâce à un régime "vive les choux de Bruxelles et le thé vert " !

Voilà un bel exemple de régime "yo-yo". Et cela peut durer comme cela indéfiniment. En plus, à chaque régime, ce sera de plus en plus difficile car Pauline ne regagne pas tout le muscle qu'elle perd et son métabolisme basal finit par être en permanence très bas.

Et encor la réalité est pire. En général, au cours du régime, la personne fait moins d'activité que d'habitude car elle est en permanence fatiguée (évidemment vu qu'elle ne mange quasiment plus rien). Donc ses dépenses énergétiques se réduisent encore plus. De sorte qu'elle est obligée d'augmenter encore la sévérité de son régime pour espérer continuer de perdre du poids. Finalement son métabolisme diminue encore plus et ses activités aussi. Donc ses dépenses énergétiques se réduisent encore plus. De sorte qu'elle est obligée d'augmenter encore la sévérité de son régime pour espérer continuer de perdre du poids, et cetera : le cercle vicieux est lancé.

En plus, après un régime, elle ne mange pas comme auparavant, mais elle mange plus parce qu'elle a été "en manque" pendant plusieurs semaines.

A retenir

Ce que vous mangez correspond à l'énergie que vous fournissez à votre corps.

Les dépenses énergétiques se composent de votre métabolisme basal, de la thermogénèse et de vos activités physiques et intellectuelles.

Si vous perdez du muscle, votre métabolisme basal et donc vos dépenses énergétiques diminuent, même au repos.

Si vous gagnez du muscle, votre métabolisme basal et donc vos dépenses énergétiques augmentent, même au repos.

Le corps à tendance à s'adapter à un apport énergétique réduit en diminuant son métabolisme basal et en sur-stockant l'énergie dès qu'un surplus est disponible.


La bonne méthode pour perdre du poids ? Rdv lors de la prochaine publication ...


 

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Commentaires: 5
  • #1

    Aurélie (dimanche, 22 mai 2011 08:51)

    Cet article est vraiment très intéressant, merci !

  • #2

    cho (mercredi, 29 mai 2013 14:07)

    excellent! vrai a 100%..tellement de gens se font avoir!

  • #3

    Bruno (vendredi, 07 juin 2013 13:38)

    Super bons ! Merci pour les bons conseils.... Demain je vais faire une session de sauna !

  • #4

    Sylv (mercredi, 06 janvier 2016 23:52)

    Wow je crois que je n'ai jamais rien lu d'aussi clair et bien expliqué ! Je vais arrêter de me prendre la tête avec ces fluctuations de poids et essayer d'améliorer mon métabolisme basal! Merci !

  • #5

    Stambene (samedi, 04 mai 2019 22:19)

    Super article qui explique vraiment bien le système de la perte du poids merci beaucoup !